Elle est tombée amoureuse d'un glacier. Un géant de glace rencontré, ado, sur la haute route entre Chamonix et Zermatt, en Suisse: «Je participais à un trek, et cette vision m'a émerveillée et transformée», se souvient encore Heidi Sevestre, 35 ans, glacioloque française et membre du Conseil de l'Arctique. En 2015, son doctorat sur les surges glaciaires (phénomène glacial brutal) en poche, elle part au chevet des monts enneigés. «Ils sont mes patients. Je mesure leurs constantes. Et j'en tire des conclusions», explique-t-elle. Scientifique de terrain, elle prend part à des expéditions dans l'Himalaya, au Groenland, en Norvège, «j'ai un attachement sans limite pour l'Arctique». Au Spitzberg, justement, une île du Svalbard, le réchauffement climatique agit «six à sept fois plus vite qu'ailleurs!».
Dans cet épicentre du dérèglement climatique, elle observe des glaciers qui perdent des centaines de mètres en longueur par an. A ce rythme, prévient-elle, « plus de la moitié d'entre eux seront condamnés avant la fin du siècle!». Or la cryosphère, terme désignant les endroits où l'eau est présente à l'état solide «Stabilise le climat, évite les épisodes de sécheresse, les grands froids, les pluies impressionnantes. La sauvegarder assure l'exploratrice, est un enjeu vital.» Heidi Sevestre endosse alors le rôle de porte-parole et enchaîne conférences (bouleversantes) sur la détresse des glaciers. On la retrouvera bientôt dans On the Edge with Alex Honnold, une mini-série réalisée par National Geographic et diffusée sur Disney+.
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